En réussissant mes examens militaires de régulateur chiffreur et en commençant à exercer ma profession j'éprouvais un grand plaisir à tenter de décrypter des codes, décoder des messages ou déchiffrer des messages secrets ; plaisir doublé de fierté (teintée d'une légère crainte malgré tout) lorsque j'ai été sollicité pour apporter mon concours aux agents du SDECE.
A la réception de mes premiers galons de sous officier, j'eus droit, comme tous mes compagnons d'arme ayant obtenu leur qualification dans leur spécialité, à une remise de diplômes et de médailles. Le Colonel chef de garnison, dans son discours de félicitations, insista particulièrement sur l'insigne du Chiffre dont la définition est " Tête de sphinx sur grille d'or ", précisant que c'était le seul insigne militaire qui était numéroté, répertorié au ministère des armées et assigné à vie à une seule personne. Il est évident qu'après un tel discours, lorsqu'il est venu épingler cet insigne si particulier sur mon blouson, du haut de mes 20 ans, je ne pouvais qu'en être fier.
Ma fierté céda la place à l'inquiétude lorsqu'il me fut précisé par la suite que cet insigne, en Algérie, ne pouvait être porté si je devais quitter l'enceinte de l'école ou de la caserne car les ennemis de l'époque tiraient en priorité sur cette catégorie de militaire.
Aujourd'hui, je ressens toujours une grande nostalgie lorsque mes yeux se posent sur ma quille de libération où est accroché mon insigne.
